Face à un récent article du Soir titrant que certains dentistes refusent désormais de soigner les moins nantis, la Chambre de Médecine Dentaire tient à mettre les choses au point. Il est en effet affligeant de constater que la presse puisse faire de tels raccourcis dénués de sens et d’exactitude et qu’elle puisse rapporter avec autant de complaisance et sans discernement les propos pré-électoralistes du ministre de la santé Frank Vandenbroucke.
La CMD souhaiterait que la profession de dentiste ne soit pas systématiquement assimilée à des profits financiers. La plupart des praticiens sont à l’écoute de leurs patients défavorisés et sont sensibles à leurs difficultés financières. Néanmoins, en regard d’une pratique quotidienne exigeante et souvent difficile, en regard de coûts importants propres à la profession, le dentiste ne peut se permettre de travailler gratuitement ou presque comme le souhaiteraient le Ministre et certains organismes assureurs.
En introduisant sa loi sur l’interdiction de suppléments d’honoraires pour les patients BIM (Bénéficiaire d’Intervention Majorée), le Ministre Vandenbroucke, qui croit détenir le monopole du social, discrimine en réalité ces mêmes patients en les privant de pouvoir choisir librement leur dentiste et leur traitement. Alors qu’il l’a toujours soutenue, le Ministre de la santé bafoue même la Loi Qualité qui, pour rappel, consacre la liberté thérapeutique donnant la possibilité au médecin de choisir librement et en toute transparence avec son patient le soin le plus adapté.
Sur base de témoignages reçus, la CMD aimerait aussi souligner qu’un bon nombre de patients BIM sont satisfaits de leurs dentistes, qu’ils ne désirent pas changer de praticien et qu’ils consentent à payer un éventuel supplément pour recevoir un soin personnalisé. En leur ôtant cette option, le Ministre écarte clairement ces patients défavorisés d’un accès aux soins de qualité et augmente la fracture sociale plutôt que la résoudre.
La CMD s’oppose depuis le début à l’application de la loi Vandenbroucke et est d’ailleurs la seule association dentaire professionnelle à avoir déposé un recours en temps et en heure. Défendant l’accès aux soins de qualité pour tous, elle estime que l’interdiction de suppléments aux patients BIM est une atteinte au droit du patient qui doit pouvoir choisir librement un traitement non couvert totalement par l’INAMI, surtout si ce traitement s’avère être le meilleur pour lui.
La CMD met en garde. La loi Vandenbroucke est un conventionnement forcé et est le premier pas vers une médecine d’État à double vitesse. En réponse au journaliste du Soir, il convient de dire que le non-conventionnement n’est pas un apanage mais bien un choix dépendant de convictions personnelles, de positionnements géographiques ou d’investissements effectués. Cette possibilité de choix est le témoin de l’exercice libéral d’une dentisterie et d’une médecine qui fait depuis des années la reconnaissance de la Belgique en matière de qualité de soins et d’accessibilité à ceux-ci.
La Chambre de Médecine Dentaire, CMD est l’organisation professionnelle la plus représentative des dentistes francophones et germanophones de Belgique.